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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 10:03

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« Elle nous permet de lâcher prise » ; « elle nous fait oublier la douleur » ; « elle reste mystérieuse et nous stimule » ; « elle nous fait vivre nos émotions avec intensité » ; « elle tord le cou au conformisme ambiant »… De quoi s’agit-il ? Mais de la poésie, bien sûr !

 

C’est nouveau : les rimes et les sonnets gagnent, parait-il, pas mal de terrain dans le cœur des Français. Ca n’a pas toujours été le cas, la poésie ayant souvent été jugée ennuyeuse, d’accès difficile, et parfois même inutile… Je me souviens du temps –pas si lointain- où tenter de faire passer la poésie dans les quotidiens relevait d’un véritable chemin de croix ! Personne n’en voulait. La poésie était réservée alors à quelques élites et abonnés à des revues inaccessibles, mais certainement pas à des lecteurs pressés et avides d’actualité entre le café et le croissant. Puis, ayant un peu forcé les portes, voilà que les journaux acceptaient de publier la parution d’un nouvel opuscule d’un auteur local, puis le portrait d’un autre. Aujourd’hui, chaque nouvel écrit de Christian Faliu ou de Pierre Coello est l’occasion d’un papier dans le Midi Libre, preuve qu’on avance, on avance…

 

Nul besoin d’être cultivé ou d’avoir fait de longues années d’études littéraires pour être réceptif à la poésie, même si ça aide parfois. « Il suffit d’avoir un peu de sensibilité, le goût des choses vraies, un sens musical et l’appétit des mots » relève Christine Vilnet (1) dans un article récent paru dans Femina.

 

Pourquoi donc cette ferveur nouvelle, serait-on tenté de se demander ? La crise y est-elle pour quelque chose ? La crise, la crise, elle a bon dos, la crise ! Il parait que si, pourtant : «Dans les catastrophes, la poésie redevient nécessaire. On n’en a jamais lu autant que pendant la guerre » rappelle Jean-Claude Pirotte (2). Au moins les crises auront servi à quelque chose ! David Foenkinos, lui, note qu’ « il suffit de se pencher un peu sur l’histoire pour se rendre compte (…) qu’à chaque crise, on progresse d’un cran dans la libéralisation des mœurs » (3).

 

Bon, pour Faliu, je suggère que pour tout achat d’un de ses opuscules, on ait droit aux vingt volumes des dictionnaires Quillet ! Car, avouons-le, si l’on commence à s’intéresser à la poésie en attaquant par Faliu, je crains que, comme pour paraphraser une émission de télé, l’aventure s’arrête ! Au hasard : « Pour prendre Massada, forteresse sicaire / Les Romains édifient de dantesques remblais / Les onagres de bois vivement assemblés / Mettent les Juifs martyrs en posture précaire (…) Faliu dans la main gauche, et Littré, Larousse, Robert dans la main droite !  Bref, pour parler français, c’est un peu… hard. Christian Faliu, c’est  notre Rimbaud local, et il arrive qu’on passe plus de temps à déchiffrer les vingt pages de ses opuscules qu’un pavé de cinq cents pages le soir à la veillée…  Christian Faliu a signé pas moins de seize livrets, les uns aussi magnifiques que les autres, d’une érudition telle qu’on en reste scotché ! Ces dizains, seizains et sonnets, d’une écriture ferme et précise, variés, font de Faliu un poète certes assez difficile d’accès mais ô combien talentueux !

 

Le cas de Coello est plus facile : sa poésie passe mieux. Par des mots simples, le poète nous parle de l’amour, du temps qui passe, de son pays qui est aussi le notre. La nostalgie, la guerre, la religion, les questions existentielles, émaillent ses écrits que le poète met depuis peu en musique. Coello ramasse les prix comme d’autres les feuilles mortes !

 

(Petite parenthèse : je me suis toujours demandé comment on pouvait être à la fois gendarme et poète, ça reste pour moi une énigme, mais il y a tant de mystères en ce monde ! Il y a des choses qui me paraissent antinomiques, comme par exemple : être adhérent à la WWF et chasseur, ou encore membre de la ligue des droits de l’homme et gardien de prison, si vous voyez ce que je veux dire; bref, Pierre Coello est gendarme et poète).

 

Ensuite, nous avons dans notre contrée d’excellents écrivains, artistes, poètes, qui savent tenir une plume (ou un clavier, c’est selon). Certains sont toujours actifs, connus et/ou reconnus, d’autres n’en ont plus le courage, d’autres enfin ont quitté notre monde.

 

A l’heure ou les budgets de la culture ne cessent d’être diminués, il est peut-être opportun d’insister  sur cette « discipline vivante et porteuse de beautés et de sagesse » (4) qu’est la poésie.

 

 

(1)  Femina, n°571, 10 mars 2013.

(2)  J. C. Pirotte, Goncourt de la poésie 2012, a écrit notamment  Ajoie (la table ronde).

(3)  David Foenkinos, Je vais mieux (Gallimard, 2013).

(4)  Bernard Baraillé, dans l’édito de l’Infolettre du 10 mars 2013.

 

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