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19 février 2011 6 19 /02 /février /2011 09:18

   « La littérature est une création qui n’attend rien de personne, à la différence de l’article de journal qui n’est jamais qu’un exercice de chantage plus ou moins bien présenté et qui, lui, a besoin d’être lu pour exister. Il ne viendrait en effet jamais à l’idée d’une personne censée d’écrire des articles qui ne seraient pas lus. A la différence des romans, les articles ne sont écrits que parce qu’ils seront lus. C’est d’autant plus vrai que les articles refusés le sont souvent parce qu’ils sont « trop littéraires ». La censure leur confère presque à coup sûr une valeur littéraire. Suivez mon regard. »

(Christophe Donner, Le Monde Magazine, 20 novembre 2010).

 

   Donner-Bousquet, même combat ! Notre grand quotidien d’information du midi vient de demander à l’auteur de l’article sur la résidence d’artistes à Saint-Gervais, de revoir sa copie. Eh oui, il y a des choses qui ne s’écrivent pas. Vous avez donc, une fois de plus, la chance d’avoir l’exclusivité et l’intégralité des textes dans La Tribune !

 

 

   Il faut dire que le Midi Libre a quand même évolué depuis quelques années. Jugeons-en plutôt : alors qu’il n’était pas question de proposer un papier sur un auteur qui écrit un livre, ou un poète qui publie un livret, « à force de forcer », la lutte a payé, et on a vu épisodiquement publiés quelques portraits d’auteurs locaux (Pierre Coello, Christian Faliu, et d’autres). Sont venus à leur suite d’autres portraits, d’artistes, musiciens, peintres, ... Même en cas de coupes sombres, de coups de ciseaux et de coups de tronçonneuses, l’essentiel, n’est-ce pas, était de montrer que le monde évoluait.

 

   Mais c’est aussi, un peu, le but du correspondant de presse qui est là pour ça, qui ne doit pas rester dans son cocon et se contenter de faire du copié collé, de retransmettre un communiqué, ou d’assister à la traditionnelle remise de médailles et de la réfection du mur d’à côté. D’ailleurs, pendant longtemps, les journaux ont encouragé les correspondants à faire ce qu’on appelle « de l’article d’initiative ». Seulement voilà, l’article d’initiative, c’est autre chose. Résultat des courses : le petit correspondant local baisse souvent les bras. Il lui reste, fort heureusement, des blogs sur lesquels on peut s’étendre un peu plus, où l’on ne compte pas les mots, les signes, les espaces et les guillemets, où l’on peut écrire –presque- ce qu’on veut ! Au fait, c’était pas de cela, dont on parlait : de la liberté ? ! Car il y a pire que la censure, qui est l’autocensure. A force d’être coupé et recoupé, on n’ose plus rien.

 

   Pour ce qui est du sujet qui nous préoccupe aujourd’hui, et qui, en fin de compte, n’est que la partie émergée de l’iceberg, le petit détail sans grande importance, le nombre de signes a grandement diminué après la suppression de toutes les citations. Ô, lecteur paisible et bucolique, la chance que vous avez, vous n’imaginez même pas, de pouvoir lire sur La Tribune de Saint-Gervais l’intégralité des textes !

 

   Et pour faire bonne mesure, puisque sur ce blog  le temps et l’espace ne sont pas... comptés, voici quelques encore extraits gracieusement transmis à La Tribune sur le spectacle en question.

 

« Les voix libératrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes.

Elles ne se contentent pas de nous inviter à attendre l’avenir comme on attend le train. L’avenir est quelque chose qui se surmonte.

On ne subit pas l’avenir, on le fait. »

 

(Georges Bernanos, Extrait de L’homme d’hier)

 

« Je rêve un spectacle joyeux à la croisée des chemins

une comédie politique, des imprécations

un théâtre fait d’éclats, de musique, de fragments

c’est la révolution de 1789 qui vient demander des comptes à notre monde

c’est un spectacle sur aujourd’hui

sur nous

maintenant

Ce sera un chant

une ode à l’homme

un appel au dépassement

et dans une forme résolument débridée qui tour à tour prendra le chemin d’une parole directe aussi bien

que jouée,

un spectacle sur les sentiers de l’humanité,

un spectacle d’engagement, une féérie des déchets de la pensée.

Il y sera question de l’homme, de la vie de l’homme, de la France,

des marchands, de la révolution, de 1789.

Dans un espace qui mêle le spectateur et le plateau s’agiteront les fantômes de la révolution,

les fantômes de la liberté traversant les temps,

notre âme peut-être comme échappée de nous-même et qui danse joyeusement.

Ce sera du théâtre, on ne sait faire que ça.

Dans un monde pisse froid, où le moyen le dispute au médiocre,

où les idéologies s’éteignent comme de trop vieilles étoiles,

où la technique et la technologie usurpent la place de la pensée, et

où la liberté, l’humanisme, l’amour de l’autre, sont piétinés, humiliés

au bénéfice d’une soi-disant modernité aussi aventureuse qu’une paire de chaussons devant sa télévision ;

là où le convenu, le convenable et les cons tout court s’entassent pour former

dans un monde-mont de piété une humanité croupissante sous assistance respiratoire ;

depuis les débris de ce monde moderne où nous vivons vieux presque sans rides, presque sans maladie,

presque sans accident, protégés par les polices, les assurances en tous genres

- ou au contraire sans papier, sans abri, oubliés autant dire déjà mort -

là où même les chapelles rallument leurs bougies ;

Dans ce champ de ruines aux apparences de luxe, on peut encore entendre

si l’on veut bien y prêter attention une petite voix,

chacun la sienne, un cri saisissant, un cri de joie de vie, un hurlement intérieur,

un hurlement jeté à la face du monde, un cri originel, ce cri, celui de la révolution française de 1789,

indiquait la voie où, étonnamment, tous les hommes un jour se reconnurent,

à laquelle tous les peuples un jour référèrent.

Il s’agirait peut-être de se souvenir que le berceau de la pensée moderne n’a pas été abandonné à la casse

des marchands et des marchandises ;

se rappeler que les langes de la modernité sont encore chauds du corps de la révolution.

Et qu’en voulant bien nous souvenir de notre naissance

nous éclairerons certainement notre devenir.

Un homme n’est pas un marchand

L’espoir de l’homme n’est pas l’espérance de vie. »

 

 (Jacques Allaire).

 

 

P.S. -

Mardi 22 février : le papier est paru dans le Midi Libre... avec quelques coupures de plus après les coupures initiales. Supprimées les citations, et enfin passés à la trappe deux chapitres entiers. Ajoutons à cela une photo... réduite de moitié... Et dire que les journaux encouragent encore leurs correspondants à faire des articles d’initiative ! Mais, dorénavant, pour écrire, il ne suffira plus d’être écrivain, ou journaliste, ou correspondant, il faudra être... comptable !

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