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28 mars 2018 3 28 /03 /mars /2018 10:14

L'établissement réputé l'Ortensia a fermé ses portes à Saint-Gervais sans tambours ni trompettes après quatre ans d'activité. Ce domaine, qui devait devenir le fleuron du tourisme héraultais, vient de surprendre la population par l'annonce de sa fermeture.

 

Depuis quelques jours, des clients potentiels s'étonnaient de n'avoir personne au bout du fil. Devant le restaurant, aucune affiche n'annonçait un quelconque congé annuel ou fermeture exceptionnelle. Au village, personne n'était au courant. C'est en début de semaine dernière que la rumeur a été confirmée : l'Ortensia a cessé son exploitation.

 

 

UN PEU D'HISTOIRE. - Surplombant le village, le restaurant l’Ortensia avait ouvert ses portes en novembre 2012. Propriété de la communauté de communes des monts d’Orb depuis 1997, dans le quartier du Pioch, sous les remparts de Saint-Gervais, le domaine de neuf hectares est composé d’un magnifique parc arboré, où l’on trouve de très beaux spécimen d’hortensias, et d’un bâtiment de plus de 450 mètres carrés qui a nécessité de gros travaux de rénovation. D'abord propriété agricole, le domaine fut racheté en 1862 par un notable du village ; en 1928, les lieux sont agrandis, on y plante les fameux hortensias, dont la culture y sera développée au cours de la deuxième guerre mondiale. L'hortensia devient alors la fleur emblématique du domaine.

 

 

QUEL COUT ?- Le coût de la première tranche de travaux s'était élevé à plus de 500.000 euros HT, avec une participation financière de l’Etat (20%), du conseil régional (26%) et du conseil général (30%). Des tranches, il y en eut trois, dont une, paysagère, à hauteur de 112.000 euros HT. Enfin, un panneau annonçait 1.768.520 euros pour la réhabilitation du domaine. Un gros investissement, auquel il faudra ensuite ajouter 140.000 euros supplémentaires, à charge de la commune, pour un accès au domaine... Voilà pour le côté investissement. Côté fonctionnement, on parlait d’un loyer de plus de 4000 euros que devrait débourser le gérant du domaine, plus les salariés, les charges, et le matériel. Quant à l'entretien des jardins, il était alors confié à l'ESAT de Plaisance.Gros œuvre, toiture, aménagements intérieurs, façade, tout est revu, jusqu'à l'ajout d'une véranda qui s'intègre parfaitement au site.

 

Le projet avait toutefois fait l’objet de controverses au village ; il suffisait alors de parler un peu pour s’apercevoir que tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraissait. Le domaine, certes, était indéniablement un lieu privilégié de nombreuses actions culturelles et, notamment,  largement connu pour ses manifestations estivales des « Imprévus au jardin » ; chaque année, la communauté des communes y accueillait en effet des artistes d’art contemporain. Mais le projet de création d’une résidence intercommunale avec une activité de restauration et de chambres d’hôtes haut de gamme ne faisait pas l’unanimité, certains y voyant alors un projet pharaonique sorti des cartons en période de crise. er le moral en cette période de crise.

Jean-Luc Falip, le maire de Saint-Gervais et conseiller départemental, était alors également le président de la communauté des communes. Au domaine, les travaux terminés, on s'activait pour dénicher le nouveau gérant : Hervé Astruc quittait le groupe Accor et le département du Gard avec son épouse pour venir présenter son projet à la population : une salle de restauration, des chambres d’hôtes de qualité, une petite boutique de produits régionaux (« du miel, du vin, toujours des produits locaux, et pourquoi pas des journaux »), une option traiteur, un accès aux bus, bref un souffle nouveau sur la morosité ambiante. Car il est vrai qu'au village, les fermetures des magasins se succédaient déjà et l'annonce d'une création d’emplois locaux, qui avait été estimée à dix au départ, puis revue à la baisse, faisaient l'effet d'un beau miroir.

 

Encarts dans des journaux, présentation du projet dans le magazine du Département, cartes d’invitation pour la prochaine inauguration... Si le carnet de commandes n’était pas encore plein,  Hervé Astruc se satisfaisait déjà ; mais les travaux prennaient du retard, des malfaçons devaient être reprises, et la date du sabrage du champagne sans cesse remise aux calendes grecques… En fait de sabre, l'Ortensia ne se réduirait-il pas à un coup d'épée dans l'eau ?

 

« Quand les rumeurs ont commencé à circuler sur le fait que le nouveau gérant voulait jeter l’éponge, personne n’y croyait » affirment des Saint-Gervaisiens. « De là à ce que le site officiel de la mairie, qui déclare rechercher un nouveau gérant du débit de tabacs, passe aussi une petite annonce pour le domaine », s’amusent les riverains, dont la nouvelle est devenue le sujet principal de conversation… Finalement, Hervé Astruc déclarait forfait, affirmant alors : « Je suis ruiné », se désolant d'avoir tout misé sur ce projet et même d'avoir acheté une maison.

Quelques échéances électorales plus tard, c'est Antoine Martinez, le maire de Bédarieux, qui prenait les rennes de la Communauté des communes Grand Orb. A Saint-Gervais, un nouveau gérant était trouvé : Eric Balan, originaire de Normandie, pâtissier de formation, après avoir multiplié les expériences gastronomiques, était venu s’installer à Saint-Gervais avec sa compagne Patricia Rochette. Avec deux fourchettes au Guide Michelin, deux toques dans le Gault et Millau 2015, nul doute que ce restaurant qualifié de haut de gamme allait faire parler de lui au-delà des frontières du col des Treize Vents.

 

23 septembre 2013 : inauguration officielle après la réhabilitation du domaine, anciennement domaine de la pièce rebaptisé l'Ortensia pour l'occasion, en présence du Préfet de Région, du Député, des conseillers départementaux, etc. Après les discours dithyrambiques, on a mis les petits plats dans les grands pour savourer une cuisine raffinée qui sera appréciée de la clientèle venue de tout le département et au-delà. Avec ses cinquante couverts et ses cinq chambres, le domaine bénéficie d'une belle promotion.

 

ET MAINTENANT ? - Quand j'ai voulu avoir des réponses précises, après un appel à la mairie, je me suis aussi adressé à M. Martinez, maire de Bédarieux qui est aussi le président de la communauté des communes du Grand Orb, qui m'a suggéré... de m'adresser à M. Dalery, maire de Lamalou, puisque ce dernier est en charge du tourisme. Peine perdue... Décidément, personne ne veut se mouiller pour répondre, la communication passe toujours aussi mal en 2018, et pas qu'à Saint-Gervais... Vérifier une information et la faire connaître au public est devenu un véritable chemin de croix. Pas de quoi fouetter un chat, certes, mais il est parfois « énervant » (je pèse mes mots) de se trouver face à un mur quand on veut obtenir une info. Pourtant, la moindre des choses, quand on veut diffuser, n'est-elle pas d'aller à la source et ne pas se contenter de on-dit ? Malheureusement, il n'y a plus que l'armée que l'on qualifie de « grande muette »...

 

Les raisons de cette fermeture ? La population les connaît : un désaccord entre les gérants et la communauté de communes, des impayés de loyers, une grande difficulté pour le restaurant de maintenir la tête hors de l'eau au vu des sommes colossales engendrées, etc. Les rumeurs vont bon train, les commentaires fusent, et l'on entend ici et là que ce projet n'aurait jamais été porté par un privé quel qu'il soit s'il ne l'avait pas été par une communauté de communes. Une réponse claire aurait été souhaitable, mais voilà... Quatre jours plus tard, retour à la case départ : la mairie de Bédarieux m'indique que c'est J.L. Falip qui sera à même de répondre à mes questions. Appelé une nouvelle fois, la réponse... se fait toujours attendre. Quoi qu'il en soit, voilà une nouvelle bien triste pour le village. Le domaine des Ortensias s'appellera-t-il désormais domaine des Chrysanthèmes... Officiellement donc, le domaine a fermé, et la communauté des communes va devoir se relancer à la poursuite d'un nouveau gérant. Quant à la saison 2018, elle est, elle, bien compromise...

Ca, c'était en 2013, lors de l'inauguration.

Ca, c'était en 2013, lors de l'inauguration.

Le domaine, avant... et après la réhabilitation.
Le domaine, avant... et après la réhabilitation.

Le domaine, avant... et après la réhabilitation.

Une cuisine de qualité... et une salle désormais bien vide.
Une cuisine de qualité... et une salle désormais bien vide.

Une cuisine de qualité... et une salle désormais bien vide.

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commentaires

M
Quel gâchis au vu des investissements engagés dont une partie payée par nos impôts ! Par ailleurs, je ne suis pas étonnée du silence de nos élus face à vos demandes. Pour ma part, ces dernières années, j'ai écrit plusieurs fois à Jean-Luc FALIP et j'attends encore une réponse ! Et inutile d'exposer vos problèmes aux conseillers municipaux, ils s'en foutent royalement. Marie
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