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1 janvier 2025 3 01 /01 /janvier /2025 00:28

A chaque soir d'élections, il faut attendre 20 heures pour publier les résultats, même si tout le monde ne le respecte pas ; chaque 31 décembre, il faut attendre les douze coups de minuit pour s'envoyer des SMS de bonne année. Bonne année, bonne santé, meilleurs vœux, que tout aille bien ou pour le mieux, etc., etc. Bref, ce qu'on appelle les marronniers : les feux de l'été, les commémorations, les arbres de noël, et les bons vœux. On n'y loupera pas. Vous non plus.

 

On en remet une couche

 

Que nous ne soyons pas seuls à être traités de pessimistes, de désillusionnés : tous nos quotidiens, nos hebdos, nos mensuels, nos réseaux sociaux, nous rebattent les oreilles de « ces temps incertains », « ces temps troublés », « ces temps inquiets », « cette époque tourmentée », donc pas la peine de nous le rappeler, on le sait : on va droit dans le mur, on va tous crever, c'est la fin du monde - fin du monde pour certains, fin de l'humanité pour d'autres. (On pencherait plutôt pour la fin de l'humanité, car les rats, les scorpions et les dauphins s'en remettront, eux). Sauf que ça fait cinquante ans qu'on nous dit ça ! Dire qu'on ne devait pas passer l'an 2000 ; vingt-cinq ans après, regardez-nous, regardez-vous, encore bon pied, bon œil...

Tout de même, il faudrait être aveugle et sourd (pour ne pas écrire autre chose) pour ne pas prendre conscience que nous courrons à notre perte ! Les optimistes pourront toujours nous rétorquer que la Terre, elle, continuera à tourner... mais sans nous. Certains affirment qu'il n'est pas trop tard. « Pour satisfaire les optimistes aussi bien que les pessimistes, nous dirons que notre époque est au seuil du ciel et de l'enfer, passant nerveusement de la porte de l'un à l'antichambre de l'autre. L'histoire n'a pas encore décidé où elle finira, et une ribambelle de coïncidences pourrait encore nous propulser dans l'une ou l'autre direction » écrit Yuval Noah Harari, dans Sapiens, une brève histoire de l'humanité. Bernard Laponche, cité par Michèle Rivasi et Hélène Crié dans Ce nucléaire qu'on vous cache, déclarait que « Le XXIe siècle sera consacré à réparer les dégâts du XXe». Des dégâts... c'est le moins qu'on puisse dire.

 

Du passé faisons table rase

 

Cette année encore, nos journaux ne publieront pas de rétrospectives de nos villages. « Comme chaque année, nous ne publierons pas de séquences rétrospectives dans nos pages Villages ». Depuis cinq ans et l'époque du Covid, les journaux nous avaient déjà prévenus : ils ne publieraient plus de « poissons d'avril ». « Aujourd'hui, on ne rigole plus » avais-je réagi. Notre directeur d'agence avait annoncé : « Je suis porteur aujourd'hui d'une nouvelle qui ne va sans doute pas vraiment vous plaire (…) Au vu du contexte national et local de défiance envers la presse, mais aussi de la propagation importante des fake news, je crois qu'il n'est pas opportun que notre journal fasse des poissons d'avril, aussi drôles soient-ils. Merci donc de vous abstenir ». Nous nous étions donc abstenus. En cette fin d'année pourtant, nos rédac'chefs nous les ont pondues, ces rétrospectives, mais pour les événements importants : colère du monde paysan, les 80 ans du Débarquement, l'Abbé Pierre, Samuel Paty, Mazan, les JO, l'EPR Notre-Dame et Mayotte. Une belle année en effet ! Il n'y a que dans nos villages donc que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, et c'est heureux.

A Béziers, qui est loin d'être un petit village, notons que la cérémonie des vœux est annulée, « à cause de la situation économique préoccupante et de l'instabilité » ! On croyait avoir tout vu et tout entendu... Tremblez braves gens, l'heure est grave. Mais aujourd'hui c'est jour de fête, on va oublier la folie de ce monde en déshérence.

 

Soyons optimistes, bourrons la dinde aux marrons entre deux bulles de Moët et Chandon, aujourd'hui c'est la fête ; si nous pouvions un peu penser à autre chose qu'à la mort, à la maladie, à la vieillesse, aux avions qui se crashent, aux guerres, aux SDF qui meurent de faim et/ou de froid (c'est au choix), aux migrants qui se noient en Méditerranée ou dans la Manche, à ces chefs d’États qui vont finir par nous appuyer sur le bouton à force de jouer aux cons, à ces complotistes et populistes qui croient à n'importe quoi à force de ne plus croire à rien, à ces gens d'extrême droite à la mémoire courte qui sont persuadés qu' « on n'a jamais essayé », à ces gens qui se disent de gauche qui lâchent un centime d'euro à un carrefour, et qui sortent du restaurant avec les dents du fond qui baignent (liste non exhaustive). Nos journaux avaient oublié tout cela dans leurs rétrospectives. Non : aujourd'hui, nos journaux, quand ils parlent de rétrospectives, c'est pour nous remémorer « ces gens qui ont fait l'année », « ces personnalités qui ont fait parler d'elles », ces sportifs ou ces chefs d'entreprises qui accumulent les dividendes et qui bourrent leur dinde, eux, avec du caviar, des truffes et du homard !

 

Nos prévisions pour 2025 : l'avenir, c'est pas du gâteau

 

Tout ira mieux en 2025. De toute façon, on le dit chaque année, « ça ne peut pas être pire ». Voulez-vous qu'on joue à madame Soleil ? Alors on vous le dit : Si, ce sera bien pire ! Plus qu'hier et moins que demain, car chaque jour vers l'enfer nous descendons d'un pas. Alors il y aura les épisodes de neige, les feux de l'été, les noyades à la mer, les accidents de la route, les augmentations diverses, les affaires politiques, les dissolutions et les élections, les manifestations des viticulteurs et des motards en colère, les épisodes cévenols, les bouchons (et les trous) sur les routes, la sécheresse, un nouveau virus, et des avions (ou des missiles) qui vont nous tomber sur la gueule.

Mais aujourd'hui est un jour de fête. Nous sommes encore en vie, nos douleurs ont pratiquement disparu (merci Doliprane et Tramadol puisqu'on ne pourra plus prendre du cannabis thérapeutique!), un rayon de soleil perce au travers des nuages, et nous vivons dans un petit village tranquille loin du bruit et de la fureur. Ouf !

 

A La Tribune, tous les coups sont permis

 

Aujourd'hui nous ne râlerons pas, même si ça ne durera pas. Faisons la trêve. LA TRIBUNE n'est-elle pas faite pour ça, pour suivre son petit bonhomme de chemin loin des sentiers battus, loin du journalisme de préfecture, loin du consensus, loin du léchage de bottes ? Nous avons choisi la liberté et l'indépendance, et nous n'avons pas choisi la facilité ! Nous n'avons rien à vendre, surtout pas de l'audience. Et, comme l'objectivité n'existe pas, on acceptera d'être catalogué comme média d'opinion, engagé, alternatif, voire militant. Faire plaisir à tout le monde, laissons cela aux autres...

Nous savons que nous sommes faillibles, perfectibles ; mais quand on regarde ailleurs, du côté des médias qui se disent professionnels, on ne peut qu'être satisfaits ! A La Tribune, pas de copiés collés d'informations non vérifiées, pas ou peu de fautes d'orthographe, pas de titres racoleurs, pas de publicités, pas de course aux scoops.

 

Bonne année quand même !

 

Relativisons, aujourd'hui est un jour de fête. Réjouissons-nous de vivre dans les hauts cantons. Le bonjour d'un voisin, la bonne humeur qui règne au café, le sourire de la boulangère, la gentillesse de l'épicière, tout cela, n'est-ce pas, ne compte t-il pas plus que tout le reste ? Les optimistes voient toujours la bouteille à moitié pleine, les pessimistes la voient à moitié vide ; les réalistes et opportunistes, eux, nous disent : « Pendant ce temps, nous, la bouteille, on l'a bue ». Et puis, on ne voit finalement pas trop la différence entre un 1er janvier et un 31 décembre, un 1er mai et un 14 juillet ! Les jours se suivent et se ressemblent et l'histoire est un éternel recommencement. Alors n'attendons pas pour faire la fête, n'attendons pas que le vin qui dort à la cave pour les grandes occasions soit madérisé ; n'attendons pas, buvons (avec modération), à cette année de merde qui se termine, buvons à la nouvelle année qui pointe le bout de son nez. « Enivrez-vous, de vin, de poésie ou de vertu, à votre guise » poème de Charles Baudelaire chanté notamment par Brel et Reggiani, est à nouveau de sortie. Bonnes fêtes à toutes et à tous ! A celles et ceux, vieux dinosaures en voie de disparition, nous disons : Bona annada, e a l'an que ven !

 

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