Olivier Pieczonka est pèlerin. Animateur socioculturel, il a perdu son travail puis son appartement. Sa copine l'a lâché. Pour éviter de s'enliser, il a choisi alors de bouger en s'engageant sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Seulement voilà : il part sans un sou en poche, et compte à chaque étape sur l'hospitalité des hommes et des femmes. Il raconte qu'il a dormi aussi bien chez des catholiques que chez des protestants, chez des orthodoxes, chez des musulmans.
Comme dans un film, « jusque là, tout va bien ». A chaque étape, il tente de se présenter à la rédaction des journaux locaux ou régionaux, de joindre le correspondant local, pour lui relater son aventure mais aussi dans le but de trouver à dormir.
L'autre jour, pas de bol, je me pressais de finir mon ménage en fin de matinée et devais partir tôt raccompagner ma fille. Quand il s'est présenté devant ma porte, il m'a dit que la mairie lui avait donné mon adresse. A vérifier. Si cela est vrai : sympa, la mairie ! Je veux dire que dans un village, quand un pèlerin sans un sou demande à être hébergé, il me semble que c'est plus à une municipalité ou à un curé de trouver une solution que de l'envoyer chez un particulier, prestataire de services privé qui plus est. Mais peut-être avait-il seulement demandé l'adresse d'un correspondant de presse ?
Je ne veux pas dire par là qu'un particulier ne doit pas héberger un pèlerin sans le sou, car il m'est déjà arrivé de le faire à plusieurs reprises. Cette fois, pas de bol pour Olivier, j'étais pressé. Et je n'étais pas d'humeur. Et je venais de lire une mise en garde d'une association qui nous envoyait un message : « Attention aux faux pèlerins ! ». Et puis bon, je paye des charges, et je n'ai plus envie de changer mon enseigne pour la remplacer par « Chez l'Abbé Pierre », c'est comme ça.
Olivier m'a dit : « Mais si vous devez partir, laissez-moi juste un coin où me poser, juste de quoi me connecter à Internet, et puis je suis prêt à vous aider dans une tâche quelconque ». Mais non, je n'étais pas décidé à laisser un pèlerin dans ma maison.
Olivier raconte : « Quand je me suis retrouvé sans rien du jour au lendemain, j'ai voulu participer plutôt que de me faire assister ». Et encore : « A défaut d'avoir de l'argent, j'avais du temps. Et que faire avec du temps de libre ? J'ai choisi la démarche spirituelle ». Mouais. Son but : marcher pour la paix, avec la volonté d'expliquer que le monde fonctionne sur l'avoir alors que le pèlerin, lui, fonctionne sur l'être. Olivier ne se contredit-il pas un peu ?
Avec tout ça, je ne sais pas s’il a trouvé un hébergement. Ni si c’était un « vrai » ou un « faux » pèlerin. J’attends vos points de vue. Moi, en tout cas, je ne donne plus un euro aux pèlerins de passage pour me donner bonne conscience, car là n’est pas la solution.